Les fleurs poussent là où l'eau vient à leur rencontre

Assise sur l'herbe, je sentais le soleil réchauffer le haut de ma tête alors que mes cheveux châtains tombaient le long de mon visage, ne laissant passer que de mince filets de lumière sur mes joues rosées. Il faisait si beau aujourd'hui ! L'air était doux et il sentait bon le parfum des fleurs qui venaient à peine d'éclore.  Le soleil quand à lui brillait sur l'herbe fraiche et le ruisseau près duquel je m'étais assise, près de l'ombre d'un grand arbre. Je m'étais dis que si jamais je sentais que ma peau ne supporterait pas tout ce soleil, je n'aurais qu'à me glisser contre son tronc à l'abri des rayons. C'est que j'attrapais facilement des coups de soleil...mais j'aimais tellement être dehors, sentir le vent frais, respirer les odeurs du printemps...tout cela m'apaisait beaucoup. Je me sentais calme et reposée, bien que je ne suis pas ne nature brusque. J'étais bien là tout simplement et je m'affaissais à mon passe-temps favoris : la couture. Ce que je cousais ? Oh...rien de particulier...enfin, c'était surtout une chose dont je doutais qu'elle aurait une utilité un jour. Mais que voulez-vous...je suis une grande rêveuse et je me plaisais à coudre ce vêtement. Un simple haut, bien trop grand pour moi. Je ne savais pas vraiment pour qui je le cousais. Pour quelqu'un ou peut-être pour personne. Je rêvais simplement en assemblant le tissu à la personne qui pourrait l'enfiler. Comment serait-il ? A quoi ressemblerait-il ? Et je faisais les mensurations en fonction de ce que me dictait mon imagination. Ma mère m'avait appris les bases de la couture et bien plus même. Coudre sans modèle ne me faisais pas peur, ni de créer au fur et à mesure. Cela me détendait et me faisait sourire idiotement alors que je faisais passer et repasser l'aiguille dans le vêtement. Très vite j'eus l'impression de me retrouver comme avant, dans le jardin avec ma mère lorsque j'étais petite et inconsciemment je me mis à fredonner le petit air que nous chantions ensemble parfois. C'était une musique douce et mélancolique, mais que je trouvais pleine d'espoir. J'aimais beaucoup cette chanson, et ma mère me disais souvent qu'elle aimait m'entendre chanter cet air....elle me manque tellement....J'espère la revoir bientôt...aux prochaines vacances sans doute...ou les prochaines encore...
Mon cœur se serra un peu, mais le grand soleil m'empêcha de verser une quelconque larme. Il faisait beau aujourd'hui...si beau, ce n'était pas un temps à pleurer pour rien, mais à se réjouir de la vie et de ce qu'elle peut apporter parfois sans que l'on ne s'y attende...

Cela faisait un peu plus d'un mois que j'étais arrivé au pensionnat et je m'avais déjà créé une jolie petite réputation. Les profs m'avaient dans le collimateur et je m'avais fais pas mal d'ennemis surtout un petit groupe de mecs qui se croyait être les leaders. Tout cela pour dire que je n'avais pas perdu de temps pour faire ma place dans ce nouveau nid. Cependant il y avait une chose que je ne maîtrisais toujours pas, mon pouvoir.

Cet élément qu'était l'eau possédait bien des mystère que je n'arrivait pas à résoudre, j'avais appris seul à maîtriser le fluide qui circulait en moi et à empêcher celui ci de ce manifester par des bulles d'eau dès que je m'énerver un peu trop vite. J'arrivais maintenant à remplir un verre sans en mettre à côté, à arroser des fleurs et à faire couler de l'eau d'un robinet. Ce n'était pas grand chose mais j'était fière de moi car cela prouvait à c'te folle balafrée que je pouvais me débrouiller seul.

Encore aujourd'hui je me dirigeait vers le parc pour une nouvelle séance de self control. Je me dirigeais vers mon endroit habituel c'est à dire près du ruisseau et à l'ombre du grand chêne. Mais lorsque j'arrivais à cet endroit qui était pour moi un havre de paix en quelque sorte je découvris que je n'étais pas tout seul en cette belle journée.
Je me cachai derrière le premier arbre qui se trouvait à côté de moi mais manque de bol il était un peu min ce pour me cacher entièrement, tant pis. Je fixais la personne assise au pied de "mon" arbre, une fille visiblement car ses cheveux flottaient au vent. Je plissais les yeux pour essayer de voir ce qu'elle faisait, malgré ma bonne vision je n'y parvint pas. Pourtant je pouvais voir clairement son visage, fin et délicat au priori, elle n'avait rien à voir avec les autres filles du pensionnat. Que faisait elle ici ?

Je décidais de m'approcher un peu pour mieux voir ce qu'elle faisait mais adroit comme j'étais je me pris les pieds dans des branches et fit un joli roulé boulé jusqu'à elle. La tête à l'envers je lui souris un peu gêné de mon arrivée.

" Salut, moi c'est Ayato. Tu es nouvelle ?"

Je m'affaissais tranquillement à ma tâche, le fil passant et repassant dans le tissu. J'avais presque fini, il ne manquait plus que quelques points et le vêtement serait fin prêt, mais alors que je faisais les finissions un mouvement attira mon attention. Une silhouette que je n'avais alors pas remarqué bascula et retomba lourdement près de moi. Surprise, je lâchais mon aiguille et mon fil dans un grand sursaut et tournais des yeux écarquillés vers la personne à terre. C'est là que d'entre mes mèches châtains, je découvris un visage aux yeux d'azur qui me regardaient dans un sourire gêné.


" Salut, moi c'est Ayato. Tu es nouvelle ?"

A cet instant, je ne sais pas ce qui m'a pris mais je me relevais écarlate et me cachais derrière le grand arbre, abandonnant même mes affaires. Je m'appuyais contre le tronc dissimulant ma silhouette, totalement perturbée. Mon Dieu...je sentais mon cœur s'affoler et me voilà rougissant comme une pivoine. Que m'arrivait-il ? Pourquoi faisais-je cela ? Je l'avais littéralement...fuis ! Il est vrai qu'ici les autres élèves sont étrange et j'ai souvent peur qu'ils m'attaquent ou me fassent du mal, mais lui, pour les quelques secondes que je l'avais aperçu, il m'avais sourit, et non pas d'un sourire ironique mais d'un vrai sourire, un peu gêné même...quelle idiote. Oui vraiment je n'étais qu'une idiote ! Ce garçon venait de voir une imbécile s'enfuir à sa sa vue. J'étais si honteuse de mon geste et en même temps je restais cachée. Je n'étais tout de même sûre de rien, même si j'avais du mal à me résoudre qu'il me voudrait peut-être du mal. Il m'avait sourit après tout, même si son arrivée avait été un peu fracassante...Oh mais, il était tombé ! Il s'était peut-être fait mal ? Et moi qui me suis sauvée alors que j'aurais peut-être dû venir l'aider ! Quelle idiote, quelle idiote !

Je plissais mes lèvres tellement la honte m'accablait et prenant une grande respiration pour espérer me calmer un peu je me retournais contre le tronc, posant ma main sur le côté et laissant juste dépasser ma tête pour espérer apercevoir la jeune personne. Seulement je ne la laissais pas dépasser très longtemps car bien vite je la ramenais à l'abri de l'arbre. Je n'osais pas. Je n'osais pas le regarder et pourtant je l'avais à peine aperçu...je ne savais même pas qui il était à part qu'il s'appelait Ayato...Ayato...cela me disais quelque chose...j'en avais entendu parlé...il n'avait pas une très bonne réputation...on le disait violent. C'était donc lui ? Oh non...
Je ne suis pas du genre à croire les rumeurs mais...si elle se révèle vraie, je suis faible, et je ne pourrais pas me défendre contre lui...Je ne peux pas...je ne peux que rester à couvert derrière ce grand chêne qui ne fera qu'un bouclier provisoire.

Mais...s'il s'était fait mal ? Cette question continuait tout de même de me tourmenter...même s'il était méchant, j'aurais dû m'assurer qu'il n'avait rien...

Mon cou commençait à me faire mal et je me mis assis correctement, je fixais depuis un moment l'endroit où la fille était partie se cacher. Je faisais si peur que ça ? Le vent soufflait doucement et je baissais le regard pour voir ce qu'elle avait oublié dans sa course, des aiguilles et ..... Je n'arrivais pas très bien à voir ce qu'elles étaient en train de coudre. Un mouvement derrière l'arbre me fit reporter mon attention sur l'inconnue.

Je restais silencieux, elle n'était véritablement pas comme les autres. J'avais pu voir qu'elle était de taille plutôt moyenne et fine. Dans son élan ses cheveux avait flottaient au vent et avaient dévoilé son visage. Je me rendait compte peu à peu qu'elle avait formé avec l'arbre un magnifique tableau, quel idiot j'avais été de vouloir m'approcher.
Je continuais de fixais l'arbre tout en restant assis, les fesses dans l'herbe. Le doux vent faisait voler ses cheveux que je pouvait apercevoir, c'est vrai que mon entrée était quelque peu fracassante. Je lui avais surement fait peur et ça se comprenait.

Je me passais une main dans la nuque et m'adressa à l'inconnue regardant ailleurs: " Désolé de t'avoir fait peur, je me suis pris les pieds dans une branche"

Je restais derrière l'arbre, tiraillée. Mes pensées se mélangeaient tellement je stressais et ne savais que faire. Était-il méchant ? Ou ne l'était-il pas ? Me voulait-il du mal, ou ne m'en voulait-il pas ? S'était-il blessé ou non ? Toutes ces questions m'assaillaient et me perturbaient. Si seulement je pouvais réfléchir correctement ! Aaah décidément je ne savais pas quoi faire ! Peut-être allait-il venir et...me frapper ? Après tout il m'avait vue, il savait où j'étais et s'il était aussi violent que l'on entendait dire...oh voilà que je m'effrayais toute seule ! Je sentais la peur m'assaillir.

" Désolé de t'avoir fait peur, je me suis pris les pieds dans une branche"

La voix me fit sursauter. Je ne m'attendais pas à ce qu'il m'adresse la parole et je pris d’ailleurs un certain temps à comprendre qu'il me parlait vraiment  à moi. Sa voix n'était pas aussi dure et froide que je m'attendais. Elle était un peu grave et sensuelle. La voix d'un jeune homme qui ne semblait pas spécialement méchant.
En plus il s'excusait c'était qu'il ne me voulait pas vraiment de mal. Ça n'avait sans doute jamais été son intention. A moins que ce ne soit une feinte. Mais je suis bien trop candide et je suis plutôt du genre à me faire avoir et à plonger la tête la première dans la gueule du loup que de remarquer lorsque l'on me ment. Cela m'attire beaucoup de problèmes d'ailleurs. Voilà pourquoi je préfère m'enfuir maintenant avant que l'on ne s'en prenne à moi.

Alors il s'était pris les pieds dans une branche et avait fait un roulé boulé jusqu'à moi ! Le pauvre ! Il s'était...il avait... Oh je devais m'assurer qu'il n'avait rien !
Je respirais profondément et prenais mon courage à deux mains. Je ne devais pas avoir peur. Je fit dépasser à nouveau mon visage du tronc, mais cette fois-ci m'écartant un peu pour laisser apparaitre presque toute ma personne, ne me détachant pas pour autant de l'arbre, laissant mes mains et mon visage contre son écorce, comme s'il représentait une protection réconfortante ou encore qu'il pouvait me rendre invisible malgré ma décision de me montrer. Ma voix fut faible et timide mais pour la première fois, je me décidais enfin à lui adresser la parole.

-...Est-ce que..tu t'es fait mal ?

J'avais peur, peur pour moi, peur pour lui. Et je me recroquevillais contre l'arbre n'osant toujours pas le regarder vraiment.

Moi qui d’habitude était tout à fait à l’aise en présence de la gente féminine me voilà muet comme une carpe ne trouvant rien à dire. L’énorme tronc de l’arbre offrait à la jeune fille une cachette idéale sauf un détail lui échappait, je l’avait vu se cacher derrière. Je m’en voulais vraiment de lui avoir fait peur, elle n’était visiblement pas comme les autres. Ici tu t’adressais à peine à l’une de ces diablesse c’est à peine si elle te crache pas du venin à la tête ou qu’elle te sépare la tête du reste de ton corps. Tout ça pour dire que je n’avais pas à craindre cette inconnue, à moins que toute cette mise en scène ne soit qu’un leurre.

Peut-être que finalement ce tableau que je trouvais si paisible toute à l’heure soit fait, préparé justement pour attendrissant. Maintenant sur mes gardes je ne lâchais pas des yeux l’endroit où la fille avait disparu. Celle-ci réapparut légèrement en faisant dépasser seulement un côté de sa fine silhouette. Je ne voyais vraiment pas ce qu’on pouvait trouver aux pestes de cet internat alors que la timidité de cette fille avait beaucoup plus de charme. Bon encore une fois elle jouait peut-être la comédie mais quelque chose dans son regard me prouvait le contraire. Ses yeux, d’un vert émeraude tout à fait troublant si bien que quand elle me demanda si je m’étais fait mal je ne percutai pas tout de suite et mis un certain temps avant de répondre.

Retrouvant mes esprits je pus faire un tri considérable des questions qui se bousculaient dans ma tête et trouver les mots pour lui répondre.

«Euh…non…non non ça va, je n’aurai que quelques bleus. »

Recroquevillée contre l'arbre je n'arrivais pas à croire que j'avais osé élever la voix. J'ai toujours été d'une timidité maladive avec les inconnus, d'autant plus que dans ce cas précis j'étais totalement intimidée, n'étant toujours pas sûre que cette personne ne me veuille que du bien. Mais moi, aussi idiot que cela pouvait paraître, je m'inquiétais pour lui. Il était tombé tout de même ! Et je n'aimais pas voir les autres souffrir, peu importe qui ils étaient. Personne ne mérite d'avoir mal.
FIxant l'écorce brune je me mordais légèrement la lèvre. Au lieu de détourner le regard bêtement, je ferais mieux de le regarder et de découvrir enfin l'allure de mon protégé, et sans doute en le regardant le pourrais déjà moi-même constater dans quel état il se trouvait.
Lentement je me décida donc à relever les yeux et mon regard se posa sur un jeune homme assis dans l'herbe en face de moi, près de mes affaires que j'avais laissé et la place que j'avais occupé quelques instants auparavent avant que je ne m'enfuie en courrant comme une imbécile appeurée. Il semblait assez grand et joliment sculpté. Je remarqua alors un détail qui m'avait pourtant échappé malgré le fait qu'il était inrratable. Une cheveulure bleue...bleue comme le ciel...je n'avais encore jamais vu de tels cheveux, ils étaient si beau...et ses mèches bleutés soulignaient les traits d'un visage masculin finement dessiné.
Qu'il était beau...
Mes joues commencèrent à se teinter de rose alors que cette idée effleurait mon esprit. Voilà que je me mettais à penser de telles choses ! Ce n'était pourtant pas mon genre de juger à l'apparence...mais..il était si mignon...je me sentais toute retournée.
Ses yeux d'azur croisèrent alors les miens et mon cœur ne fit qu'un bond alors que je me mettais à rougir comme jamais. La timidité s'emparait violemment de moi, et je n'arrivais à soutenir son regard si envoutant sans m'empourprer d'avantage. Heureusement sa belle voix me fit me souvenir de ma préoccupation première.

«Euh…non…non non ça va, je n’aurai que quelques bleus. »

Des bleus ?! Mon esprit s'alerta. Il était toujours assis alors qu'il était tombé et il s'était réellement fait mal ! Alors, oubliant si je courrais un quelconque danger avec lui ou non, je m'écartais de mon arbre protecteur et me précipitais à ses côtés.

"Tu ne t'es pas foulé la cheville au moins ?!"

Me retrouvant soudainement à genoux sur l'herbe à une trentaine de centimètres de lui, je le regardais terriblement inquiète alors que je ne me rendais pas encore compte du geste que je venais de faire et qui allait me procurer une gêne monumentale !